Julien Giffard et les nouvelles influences

Quelle est ta définition de « Nouvelles influences » ? 

« Si nous parlons de nouvelles influences, c’est qu’il y avait d’anciennes sources d’influence. Je commencerais donc par comparer ce qui influençait les consommateurs hier par rapport à aujourd’hui. Hier, nous avions l’entreprise elle-même, les publicitaires, les politiques, la presse, les médias traditionnels, … donc un ensemble d’acteurs influents qui indiquaient à un consommateur quel produit acheter, quel crédit souscrire, quel opérateur de téléphonie utiliser etc … 

S’il reste important, le poids de ces « anciens » influenceurs sur le consommateur a diminué car de nouvelles formes d’influence sont apparues. Nous sommes par exemple aujourd’hui plus influencés par un pair. Nous allons regarder ce que font les autres, les gens comme nous. Être « influenceur » sur les réseaux sociaux (Instagram, Snapchat, TikTok entre autres) est aujourd’hui devenu une profession à part entière. Toutes ces personnes ont un savoir-faire, un centre d’intérêt particulier, regroupent une communauté et diffusent de l’influence en temps réel. Aujourd’hui, les codes ont changé. Si une entreprise souhaite cibler des jeunes, elle doit se transformer en accord avec les valeurs poussées par ces nouveaux influenceurs. Vybe, cette néobanque dédiée aux jeunes l’a bien compris. Elle tient compte de leur culture et de leur mode de consommation. Le partenariat avec les blogueurs McFly & Carlito en est la parfaite illustration. » 

C’est donc bien de là qu’émergent ces nouvelles influences ? 

« Oui, les pairs, les influenceurs de métier vont travailler leur communauté, créer du contenu, certains vont utiliser des phénomènes de nudge (éléments systémiques lancés pour inverser une opinion). Un influenceur doit interagir, réunir et alimenter sa communauté pour avoir de l’influence. C’est le principe d’inférence sociale : comment les individus vont tisser des liens les uns entre les autres et créer de l’engagement en fonction des comportements des uns et des autres. Nous parlons de création d’engagement au sein d’une communauté. Une action, une information ne va pas seulement être perçue ou aimée mais elle va générer de l’action positive. Nous pouvons parler d’un réseau d’influence au sein même d’un réseau d’influence. » 

Cette influence sociale existe-t-elle dans le monde de l’entreprise ? 

« Oui sans hésitation. Quand il y a un grand changement, une transformation à faire dans une organisation, il y a deux façons de le faire. Traditionnellement via le réseau d’influence qui est la cordée hiérarchique. Celle-ci va diffuser l’information en utilisant les canaux classiques. Et aujourd’hui et certainement le canal le plus puissant à mon sens, via des ambassadeurs identifiés. Ceux qui n’ont pas forcément un titre et une position formelle mais sont des personnes connectées, écoutées et capables d’avoir une influence auprès des collaborateurs sur une thématique ou une initiative précise. Sur chaque sujet de transformation de l’entreprise, il est donc aujourd’hui incontournable de se poser la question : qui a de l’influence dans l’entreprise pour porter mon message et toucher ma cible ? Le management reste une forme d’influence mais nous le voyons il se transforme. Les nouvelles influences se découvrent, se révèlent et se renouvellent aujourd’hui sur l’ensemble de la chaine de valeur de l’entreprise. » 

Julien Giffard, VP – Head of frog Customer Transformation France chez Capgemini Invent