Avant même d’avoir son Bac en poche, Franck Boniface connaissait déjà son chemin. Il suivra les traces familiales en devenant expert-comptable auprès de son oncle, à Clermont-Ferrant. Direction, donc, l’école de commerce, puis une université anglaise avant le retour à Clermont. Mais cette voie n’est pas la sienne. « Je me suis rendu compte, malgré mon diplôme d’expert-comptable, que je voulais autre chose ».
Le “ rebelle “, comme il se désigne avec humour, rejoint alors Ernst & Young en tant que consultant en Finance et en Acquisition. Il y apprend la synthèse, l’analyse et la simplification de sujets complexes comme la traduction d’un “ business “ en modèle financier, tout cela pour le compte de clients variés.
Extrêmement formateur, l’expérience est pourtant incomplète. Il manque quelque chose à Franck. Plus d’implication, plus de continuité dans les sujets et plus d’humain. Il veut voir la suite des projets qu’il met en place.
Il rejoint alors Technicolor et prend conscience des possibilités d’engager les équipes sur des projets liés au changement. Cette expérience le mène aux États-Unis où il vivra pendant cinq ans. Il en conservera un modèle et un esprit de travail particuliers aux américains. « Je recherchais plus qu’un job, plus que de travailler pour de grands patrons. Je recherche une émulation sociale et intellectuelle ».
Chez Technicolor, il mène la transition de la production de DVD (en déclin) à la mise en en place d’une plateforme de contenus en collaboration avec Dreamworks. En deux ans, la structure nommée M-Go, évolue de 2 à 150 personnes. L’expérience est complète et enrichissante mais Franck doit revenir en France pour des raisons personnelles.
Il rejoint alors Vestiaire Collective, start-up de la mode où il épaule le CEO-fondateur et participe à l’internationalisation de l’entreprise en passant de 40 à 250 employés et en levant plus de 100 M€.
Une croissance qui obéit à un schéma complexe qui ne varie que peu selon le secteur : lier le financier à l’humain. « Peu importe le marché, les dynamiques sont similaires et c’est ce qui me passionne. Pour faire passer une boîte de 1 à 250 personnes, la problématique est toujours “Comment grandir tout en gardant la magie ? Comment lier une vision à un plan plus opérationnel et assimilable par les équipes ?“ »
Après cinq année chez Vestiaire Collective, il reproduit ce même schéma chez Blade Shadow, spécialiste du cloud Gaming, aux côtés des trois fondateurs, véritables âmes du projet. En quinze mois, l’entreprise lève 50 M€ et passe de zéro à 10 M€ de revenus annuel, scelle des partenariats stratégiques majeurs. Mais lorsqu’elle le fondateur CEO quitte le bateau, Franck réalise que l’essence du projet n’est plus et décide d’également quitter le navire.
Pendant quelques mois, il officie chez Team Vitality, acteur de e-Sport. Mais la sauce ne prend pas. Cette expérience lui permet toutefois de rencontrer Laurent Bischof, membre du conseil d’administration de Team Vitality, et, par ailleurs, CFO d’une petite start-up qui monte : Bloom Analytics.
Cette fois, le produit, le marché, la culture, tout colle, et cette rencontre va mener Franck à devenir COO de Bloom avec pour objectif de participer à la prochaine étape de croissance de l’entreprise.
Son rôle : une sorte de chef d’orchestre à l’écoute des ressources dont il dispose et du public qu’il veut toucher. « L’organisation et les besoins évoluent très vite dans les phases de croissance. Si un orchestre passe de 10 à 200 personnes, il va peut-être falloir mettre la flûte en avant ou un peu plus près du micro. Et si je laisse la flûte à coté de la grosse caisse, elle jouera toujours mais on ne l’entendra plus. C’est ce qui est passionnant, de constamment être en alerte, de se demander comment on peut positionner les gens en tenant compte de leur nature ».
Un travail d’écoute, donc, mais aussi de connaissance des femmes et hommes qui constituent la famille Bloom afin d’émuler et d’entrainer les équipes dans la croissance. « Une entreprise c’est de l’humain, des rencontres. Au bout du compte, peu importe le contexte, si on n’a pas une forte relation humaine, on est moins préparé à affronter les hauts et les bas d’une aventure entrepreneuriale. Le socle humain est essentiel ».
Un rôle pivot qui part de la compréhension de l’entreprise à la mise en œuvre de ses ressources. « Mon travail au quotidien est d’essayer de capter la vision des fondateurs, de l’articuler, la structurer, pour qu’elle devienne un plan actionnable et concret. On est dans un environnement multi-dimensionnel, de produit, de go-to-market, de modèle… Donc cela fait beaucoup d’options et de choix à faire ».
Des choix plus complexes que celui de rejoindre Bloom Analytics tant la philosophie et la volonté de Bloom traduisent le parcours de Franck. « Je viens de la data, des chiffres, de l’analyse. Dans mon parcours, j’ai voulu me rapprocher de l’humain, de l’émotion. Et Bloom est un peu la quintessence de cela. Être à la fois analytique et lire ces datas d’une manière humaine pour comprendre ».
Une union naturelle, donc, qui permettra à Bloom et Franck de grandir ensemble. (voir l’article Nomination Franck Boniface)
Jeremie Kopaniak