Charlotte - Responsable du Lab

D’aucuns croiraient qu’être passionné à la fois par les sciences et les lettres aident à facilement trouver sa voie professionnelle. Charlotte, elle, s’est beaucoup cherchée. HypoChartes et études de physique la conduisent à d’abord travailler dans le milieu équestre… pour assouvir son amour des chevaux. Elle finit par réconcilier ses deux passions grâce à une formation d’ingénieur en traitement automatique du langage (NLP) où elle touche au machine learning.

CHARLOTTE ZAEPFEL NLP ENGINEER

Elle n’est pas à un paradoxe près : elle choisit ce métier alors qu’elle est affligée d’une phobie de l’informatique, avouée sans détour. L’interface Charlotte-machine est d’abord un monumental obstacle sur sa route. L’ordinateur, c’est une boîte noire, sans âme, dont l’absence de langage naturel lui fait peur. Il lui faut pourtant vaincre son incompréhension. Comment ? En perçant son mystère : l’informatique est en fait un… langage, qui s’apprend. Avec le NLP, elle se tourne vers le machine learning : il va lui ouvrir d’autres portes que celles de la recherche et de l’enseignement, dont les contraintes ne lui conviennent pas.

Ce métier, pourtant, ne fait pas d’elle une linguiste. Avant Bloom, son passage chez IPSOS n’a pas fait d’elle une développeuse. Elle s’y frotte aux demandes du terrain en créant des scripts pour résoudre des problèmes spécifiques, sans souci de structure ni besoin de maintenir les solutions qu’elle s’ingéniait à imaginer. Une expérience formatrice qui renforce son hybridité, mais qui lui laisse un goût d’inachevé.

Impatiente, Charlotte aime que les choses aillent vite : elle aspire à mettre de l’ordre dans ce qu’elle a appris. Parce qu’elle aime trouver des solutions et comprendre pourquoi elle fait ce qu’elle fait, la startup lui semble être le modèle d’entreprise idéal pour passer à l’étape suivante. Son ambition secrète ? Travailler à modéliser le langage de manière holistique. Le langage, toujours, la fascine et les réseaux sociaux sont un terrain de jeu formidable pour l’étudier sous ses formes les plus contemporaines.

“Les nouvelles générations inventent un langage qui correspond plus à leurs expériences, leur utilisation des réseaux. Pourquoi leurs mots seraient-ils moins bien qu’un langage inventé rigoureusement dans le même contexte 50 ans avant ?”

C’est Bloom qui va comprendre le potentiel de Charlotte. Elle s’intéresse à la représentation des réseaux sociaux sous forme de graphes, qu’elle apprécie pour leur intuitivité et leur interactivité. Cela tombe bien : c’est l’un des points forts de la plateforme. En 2020, elle intègre l’équipe technique en tant que développeuse Python et aujourd’hui, elle gère le   Lab. Son rôle est hybride et taillé pour elle. Sa mission ? Améliorer la modélisation des réseaux sociaux pour mieux les comprendre.

“Le but est d’hybrider l’intelligence humaine et machine pour construire le système le plus performant possible et donner à l’humain les meilleurs outils”

Situé à la jonction entre différentes disciplines, le Lab est son catalyseur d’idées. Montée en compétences en développement, elle a beaucoup appris en structuration et en maintenance de code. Aujourd’hui, elle se consacre à ses premières amours, la modélisation des réseaux sociaux pour enrichir la plateforme de Bloom en développant de nouveaux types de graphes. Elle conçoit le Lab comme un intermédiaire qui fait circuler les idées entre l’équipe technique et les consultants.

Pas de routine dans son quotidien. Il s’articule donc entre le terrain et la R&D :

  • elle aide les consultants à satisfaire les besoins des entreprises en prototypant rapidement des solutions. En rendez-vous, elle écoute, imagine des quick wins et développe ;
  • elle soutient la R&D en concevant des fonctionnalités issues de ces prototypes qui soient faciles à intégrer dans la plateforme de manière stable, scalable et livrant les résultats escomptés. Elle structure, maintient un code, joue avec les contraintes de l’équipe technique : développement complet, contraintes de standardisation, d’automatisation pour une mise en production et une intégration facile.

Une sophistication des exigences qu’elle apprivoise, tout en tendant vers la simplicité. Pour en arriver là, elle a exploré “le moteur sous le capot”, perfectionné ses connaissances dans de nouveaux langages.

Sa force, c’est sa capacité à trouver un terrain d’entente entre la machine et l’homme mais aussi entre les experts de domaines différents avec lesquels elle échange tous les jours. Satisfaire tout le monde, sans léser ni frustrer, est un défi qui lui fait prendre conscience qu’algorithmes, code et machine doivent se plier aux besoins des humains et non l’inverse. Ils ne remplacent personne : ils sont là pour assister et être plus performants.

Être une femme évoluant dans le milieu de la donnée a peut-être façonné son style, fluide pour ménager son interlocuteur et jouer son rôle sans s’imposer frontalement. Énoncer une affirmation sous forme de question et accorder le bénéfice au doute, comprendre les réticences face à un algorithme, s’appuyer sur une culture suffisante dans différents domaines sont autant de tactiques et d’atouts pour être opérationnelle. Son secret, c’est proposer des outils, avoir l’esprit ouvert et ne jamais perdre de vue qu’on travaille avec les données pour se mettre au service de l’humain.

Randonneuse et très attachée à la défense de la condition animale, Charlotte aime penser que son amour pour ses chiens la ramène à la complexité du vivant, très différente de la machine. Avec amusement, elle en conclut qu’exercer un métier de haute technicité et prendre soin d’animaux forment les 2 faces d’une même médaille intrigante, source d’une  richesse qui la nourrit. Si Charlotte a construit son parcours sur des paradoxes, elle prouve qu’ils peuvent produire un équilibre fructueux quand ils sont réconciliés.